Annonce des lauréats

Talents contemporains 13ème édition

Quatre comités d’experts ont sélectionné en février dernier les œuvres ou projets de 32 finalistes parmi les 621 candidats originaires de 75 pays. 

Le grand jury 2023, placé sous la présidence de Jean-Noël Jeanneney, était composé de :

Rosa-Maria Malet – Directrice de la Fondation Miró 1980 – 2017, membre du Conseil d’administration (Barcelone)
Constance de Monbrison – Responsable des collections Insulinde, musée du quai Branly – Jacques Chirac (Paris)
Alfred Pacquement – Conservateur général honoraire du patrimoine (Paris)
Roland Wetzel (Directeur du Musée Tingely, Bâle).

Les artistes révélés pour cette 13ème édition sont Pascale Ettlin, Vardit Goldner, Elise Grenois, Maryam Khosrovani, Yosra Mojtahedi, Aurélie Scouarnec et Suhail Shaikh .
Pascale Ettlin présente un dyptique fascinant composé de nuances de bleu et de jaune, Perdre Pied ; Vardit Goldner propose Swimming Lesson, une vidéo engagée ; Elise Grenois intrigue et interroge avec ses animaux cristallisés dans Sans titre ; dans Sève, Maryam Khosrovani nous parle d’exile et de la Culture iranienne ; Yosra Mojtahedi présente Lilith, une installation sculpturale et sonore, Aurélie Scouarnec  relate avec puissance son expérience dans un refuge au travers d’une série photographique et enfin Suhail Shaikh joue sur l’antagonisme de l’eau et du papier au travers de son installation La délicate légèreté de l’être. 

Nous félicitons chaleureusement les artistes et nous nous réjouissons d’accueillir prochainement leurs œuvres dans la collection.

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Les lauréats

Pascale Ettlin

Née en 1968 à Genève (Suisse) | Vit et travaille près de Lucerne (Suisse)

Après des études en géographie et sciences politiques à l’Université de Genève, elle a suivi une formation artistique à la Haute École d’Art de Lucerne. Depuis 2012, Pascale Ettlin se consacre pleinement à sa pratique artistique, explorant les contradictions de notre monde merveilleux et effrayant à la fois. Elle s’inspire souvent d’une nature idyllique en y apportant des éléments étranges. Son médium de prédilection est la peinture mais la photographie et l’impression l’accompagne également. Ses œuvres ont été exposées en Suisse et au Japon. En 2023, elle a bénéficié d’une résidence d’artiste à Nagasaki (Japon).

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Perdre Pied, 2023. Dyptique, huiles sur toile de coton, 210 x 170 x 4,5 cm et 210 × 160 x 4,5 cm

Sommes-nous en train de perdre pied ? Sommes-nous en train de perdre l’équilibre qui maintient l’harmonie du monde ? C’est la question philosophique que se pose Pascale Ettlin dans cette peinture poétique au format cinématographique.
Dans ce diptyque, une fillette vue de dos se balance et semble contempler de haut un paysage rythmé par les jaunes et les bleus, composé de terres et d’eaux qui s’interpénètrent. À première vue, l’artiste semble avoir thématisé l’innocence de l’enfance et l’attrait d’une nature ensoleillée. Cependant, à mesure que les eaux recouvrent les terres, un malaise sourd envahit peu à peu ce monde idyllique. À quoi la balançoire est-elle accrochée ? Comment la fillette pourra-t- elle descendre alors qu’elle surplombe le sol ? Perdre Pied instaure ainsi des sensations de vertige, de prise au piège et d’impuissance qui peuvent faire écho à notre monde instable et évoquer notre relation complexe et contradictoire face à l’environnement.

Vardit Goldner

Née en 1965 à Haïfa (Israël) | Vit et travaille à Hod HaSharon (Israël)

Vardit Goldner est une artiste spécialisée dans la photographie et la vidéographie. Ses activités artistiques consistent principalement à saisir les nuances du conflit israélo-palestinien et à mettre en lumière la vie quotidienne des Palestiniens. Elle s’intéresse aux questions sociales, environnementales et animales dans le cadre de son travail. Elle a étudié à la Faculté des arts – Hamidrasha au Beit Berl College, (Israël), où elle a suivi le programme d’études supérieures en beaux-arts, et elle est titulaire d’une maîtrise en physique. Son travail a été présenté dans des festivals et des expositions tels que Earth Rising à l’IMMA, Dublin (2023).

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Swimming Lesson, 2021. Vidéo, 5’

Swimming Lesson est une vidéo qui présente le décor utilisé pour filmer ce faux documentaire vidéo/film, dans lequel des filles bédouines apprenent à nager dans une «piscine» sans eau. Le travail vise à susciter des réflexions sur le manque de piscines accessibles aux Bédouins en Israël, les privant en réalité de leçons de natation et entraînant des cas fréquents de noyades en mer. Cette question fait partie d’un problème plus vaste de discrimination et de racisme. La piscine et l’eau sont présentes dans l’œuvre précisément parce qu’elles en ont été retirées. De plus, l’oeuvre aborde le problème du manque de piscines causé par la discrimination.Dans un futur proche , il se pourrait qu’il y ait un manque d’eau en raison du réchauffement climatique, de la sécheresse et de l’évaporation de l’eau.

Elise Grenois

Née en 1992 à Nantes (France) | Vit et travaille à Strasbourg (France)

Diplômée de la HEAR en 2017 avec un DNSEP Art Objet option verre, a remporté le Prix de la Ville de Strasbourg et celui de la Société des amis des arts et des musées de Strasbourg en 2017 et 2018. Ses créations explorent les matériaux éphémères et la transformation des objets dans le temps. Utilisant le verre et la paraffine, ses pièces interrogent la pérennité des objets. Certaines œuvres sont intégrées aux collections du FRAC Franche-Comté (Espace Intermédiaire n°2, 2021) et du FRAC Alsace (Espace Intermédiaire n°2 et n°3, 2021 et 2023).

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Sans titre, 2022. Métal, bois, carton, os, cendre, 89 x 90 x 43,5 cm

L’ensemble des cristallisations est issu d’une technique proche d’un rituel crématoire. Le procédé utilisé par Elise Grenois a l’ambivalence de la destruction et de la conservation, car il permet à des corps putréfiables d’accéder à une forme de pérennisation. Les cristallisations conservent les détails de leur corps, l’empreinte de leurs écailles et celle de leurs carapaces. On distingue figés dans le cristal les cendres et les ossements qui les ont autrefois structurés. Les intentions de l’artiste sont celles de conserver, de suspendre le temps. Pour elle, ces poissons, araignées de mer et oursins sont comme des anachronismes. Autrefois vivants dans un environnement liquide, ils ont été transformés et sont devenus eux même liquides en fusion, le temps d’une cuisson. Maintenant refroidis, ils nous offrent la lecture de leur corps figé éternellement dans le cristal.

 

Maryam Khosrovani

Née en 1981 en Iran | Vit et travaille entre Paris (France) et New York (Etats-Unis)

Maryam Khosrovani a suivi une formation en arts graphiques et en direction artistique à l’ESAG Penninghen de l’Académie Julien à Paris (France), qu’elle a achevé en 2011. Elle développe une pratique conceptuelle et pluridisciplinaire explorant les rapports entre architecture, urbanisme, écosystèmes naturels. Ses œuvres ont été exposées dans des galeries à New York, à Londres et à Los Angeles. Ses œuvres ont été publiées par BBC News, Global Voices et The Guardian.

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Sève, 2023. Différentes techniques, 9 bassins, 9 x (113 x 75 cm)

Artiste-architecte, mais aussi tisseuse et archiviste de motifs, Maryam Khosrovani présente une installation sérielle de 9 bassins, installés au sol, inspirée du rôle central de la fontaine dans l’architecture iranienne traditionnelle. Chaque bassin présente une composition aquatique différente, via une technique différente (broderie sur papier, crayon de couleur, teinture sur papier, travail à l’aiguille, moulage en plâtre…). La subtilité des dégradés de bleu et de lapis-lazuli (du bleu profond au blanc) évoque les reflets de l’eau (sans eau) sur les motifs d’une architecture intemporelle ; les sites ou écosystèmes visuels qui peuplent l’imaginaire de l’artiste. Un processus de liquéfaction mémorielle, lié à l’expérience de l’exil, instauré par le titre de l’installation : Sève.

Yosra Mojtahedi

Née en 1986 à Téhéran (Iran) | Vit et travaille à Lille (France)

Diplômée du Fresnoy-Studio national des arts contemporains en 2020, Yosra Mojtahedi explore l’intersection de l’art, de la science et de la technologie, mettant en avant la « soft robotique». Ses installations sculpturales, représentant des « machines-humains » ou des « corps-fontaines », dévoilent des paysages organiques et mystiques. Son travail révèle un féminisme évident, fusionnant nature et genres pour transcender les frontières fragiles. Lauréate du Prix Révélation d’art numérique et d’art vidéo de l’ADAGP en 2020, ses œuvres ont été exposées dans de prestigieux lieux tels que le Musée de Soissons, la Villette, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles BOZAR, et Teatro del Canal à Madrid.

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Lilith, 2023. Installation sculpturale, céramique, verre soufflé, latex, liquide, tuyaux, pompes, haut-parleur, dessin, dimensions variables

Lilith est une installation sculpturale et sonore sous la forme d’un corps- paysage-fontaine autogénérée où circule un liquide blanc, tel le lait ou les liquides corporels. Elle croise l’artifice, l’anatomie et le sensuel pour devenir une hybridation du vivant. Organes sans corps, fossiles mutants, écorchés, ou peaux de silicone, flux et reflux activent alors une sculpture vivante, voire une mécanique du désir : l’animé et l’inanimé, le profane et le sacré s’interpénètrent dans une danse sensuelle de chairs, de matières, de câbles et de liquides. Se fondant sur l’imaginaire du jaillissement et de la jouissance que lui inspirent les fontaines, Yosra Motjahedi conçoit une œuvre matricielle. Son point de départ s’ancre dans les ouvrages d’anatomie et de dissections, où la pulsion scopique – de voir et de posséder l’autre par le regard – se confond avec celle libidinale. Elle élabore ainsi une sculpture en circuit fermé où semblent transiter des fluides corporels et du lait maternel.

Aurélie Scouarnec

Née en 1990 à Argenteuil (France) | Vit et travaille à Paris (France)

Le travail photographique d’Aurélie Scouarnec explore, à travers le déploiement de mondes sensoriels, les relations au bord de l’invisible entre profane et sacré, humain et non-humain. Elle a été lauréate du Soutien à la Photographie Documentaire Contemporaine du CNAP en 2022, de la Bourse du Talent en 2021. Son travail a fait l’objet d’une exposition personnelle à la Galerie du Haut Pavé à Paris en 2023, a été présenté à la BnF, au Pavillon de l’Arsenal, ainsi que dans différents lieux en France et à l’étranger ces dernières années. Elle a publié son premier livre, Feræ, en 2023.

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Feræ, 2021. Impressions sur papier Fine Art Rag Baryta, encadrement Wengé Foncé, 7 x (40 x 60cm)

Ces sept images sont issues du projet Feræ qui a été réalisé dans des centres de soins pour la faune sauvage entre 2020 et 2022. Cet ensemble d’images vient rappeler la place essentielle de l’eau dans ces lieux. Elle est ce qui lave quotidiennement les abris des animaux sauvages accueillis, ce qui les réhydrate, parfois même ce qui contribue à soigner leurs plaies. Elle imbibe les linges qui nettoient quotidiennement les surfaces, remplit les bassins aménagés pour certaines espèces. L’eau forme les milieux aquatiques dont dépendent à divers degrés les espèces animales sauvages pour vivre et se nourrir. Elle se rappelle aussi à nous à travers les particularités morphologiques de certains animaux qui s’y sont adaptés et qui arrivent dans ces centres. Ces images aux couleurs sourdes usent d’un jeu de révélations et de dissimulations. Au plus près des textures, elles s’approchent des corps blessés pris en soins auprès desquels s’ouvre l’espace d’un face-à-face avec l’altérité animale, où se joue comme une tentative de réparer nos liens avec le vivant.

Suhail Shaikh

Né en 1969 à Bombay (Inde) | Vit et travaille à Lamastre (France)

L’artiste papetier et designer industriel Suhail Shaikh transforme la simple feuille de papier en œuvres d’art multi- dimensionnelles. Son travail reflète les idées, les pensées et les réactions qui découlent de sa perception du monde en évolution qui l’entoure. Il a exposé plusieurs fois à l’international comme en Belgique, Italie, Suisse, Israël et au Royaume-Uni. En 2023, il présente son exposition, Papermywishes au Musée Atkinson à Southport, (Angleterre). Ses œuvres font également partie de plusieurs collections privées dans des musées et dans l’espace public.

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La délicate légèreté de l’être, 2017. Papier, eau, dimensions variables

La délicate légèreté de l’être est une œuvre méditative utilisant l’interaction visuelle entre le papier et l’eau, réunie dans un sentiment d’équilibre et de complétude. Malgré leur antagonisme naturel, le papier et l’eau, se rejoignent ici dans une union visuelle, mettant en avant leur dualité constructrice et destructrice. Un hémisphère géant, constitué de papier et formé de plusieurs anneaux concentriques représentant les ondulations de l’eau et la spiritualité, occupe une place centrale. Réel et illusion se réunissent pour former visuellement une forme sphérique d’une goutte d’eau. Suspendue à un fil en équilibre délicat, cette goutte tremblante, prête à tomber symbolise ce qui nous constitue et ce que nous sommes… L’artiste met en valeur l’interaction du papier avec l’élément de l’eau, invitant ainsi à explorer les différentes facettes de l’eau dans ce dialogue mutuel entre les deux éléments. Tout cela, vise à éveiller la sensibilité du visiteur et à enrichir notre perception du monde qui nous entoure