En parallèle de l’exposition présentant les lauréats de la 10ème édition, la Fondation François Schneider met à l’honneur le travail d’Olivier Crouzel, dont l’œuvre 18 rideaux figure dans sa collection. Pour cette exposition personnelle, c’est la ligne d’horizon que nous revisitons, ligne d’horizon qui émerge dans une grande partie du travail de l’artiste, aimant filmer la nature et l’eau, la diffuser sur du bâti ancien ou contemporain, arpenter les espaces en caravane, bateau ou à pied et révéler lentement les métamorphoses des espaces et secrets des rivages. Originaire de Dordogne, ayant vécu près d’une rivière, la conscience écologique de l’artiste semble avoir toujours été là, dans sa démarche, sans particulièrement céder aux pulsions de certaines modes, plutôt dans une attention grandissante au monde, Olivier Crouzel se demande comment l’homme se comporte avec la nature. Son œuvre est prolifique, il produit de façon presque compulsive, investit des endroits – une friche, un hôtel abandonné, les bateaux de pêcheurs… – qui deviennent ses ateliers temporaires mais obsessionnels puisqu’il y revient tant qu’il peut. L’artiste constitue ainsi au cours du temps et à travers l’espace des collections de lieux et de motifs. Il capte des images, plans fixes sur des mouvements, de l’eau, du vent, avec vue sur des horizons maritimes : la côte Atlantique, des îles grecques, les marais côtiers. Poétiques, les paysages regardés, filmés, sont aussi politiques, mettant ici ou là en exergue la montée des eaux, l’exploitation d’une île, les métamorphoses jusqu’à la disparition. Il nous en offre ainsi parfois les dernières images, nostalgie d’un temps, avant que ceux-ci ne soient engloutis par les flots ou laissés à l’abandon. Ses installations, qu’elles se fassent par des projections in situ « transformant les lieux en occasions d’art », ou qu’elles se composent dans un centre d’art, restituent l’existence et la mémoire : l’artiste collectionneur – c’est aussi le nom du camping-car qui lui servira d’atelier mobile pour Horizonto – est aussi archiviste. Motif récurrent dans son œuvre, l’horizon nous propose des échappées perpétuelles, des ouvertures nécessaires à l’œil et à l’esprit. White Beach, Horizonto, Arboretum, 18 rideaux ou encore Des Digues et des hommes, les œuvres se déploient dans les espaces de la fondation et nous plongent dans des lignes de fuite. Pour reprendre les termes de la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury, et son manifeste « Ce qui ne peut être volé, Charte du Verstohlen », il y a sans hiérarchie des choses qui ne peuvent nous être volées, du silence à l’horizon. D’où la nécessité de partager les horizons multiples d’Olivier Crouzel…
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Visuel : Olivier Crouzel, Horizonto, 2021.
Courtesy de l’artiste © Olivier Crouzel