Au commencement était le vent … puis le naufrage … puis le sable… puis la jungle…puis la solitude… et peut-être le paradis.
Dans un espace clos et sombre, un son grandissant, une houle répétitive, enveloppante nous happe et nous embarque sur de nouveaux rivages. Apparait alors dans l’œuvre voisine un curieux corsaire qui nous invite à explorer un territoire où se côtoient une drôle de cabane de pluie, des masques et autres objets. Il nous perd dans une jungle de cuir ou de plastique ponctuée de douces vahinés aux déhanchés hypnotiques. L’itinérance se poursuit sur des îles plus hostiles. S’y croisent des prisonniers au large des côtes australiennes, un individu loufoque échoué sur une île de béton, des jeunes femmes isolées en Bretagne ou une famille confinée sur un bras du Rhône. Des cartographies encrées, tissées, brillantes, bleutées nous entraînent vers des songes lointains quand un nuage de coquillages sonore ouvre vers de joyeux horizons.
Composée comme un voyage et née au printemps 2020, lors d’une expérience globale d’enfermement, où l’isolement et la solitude furent prégnants, Nos îles est aussi la suite de L’Atlas des Nuages, l’exploration des multi-composantes de l’eau formant des paysages visuels, naturels, imaginaires qui habitent tout un chacun.
Morceau de terre entourée par les eaux, îles aux trésors, oubliées, abandonnées, mystérieuses, fantasmées, le sujet a un potentiel narratif inépuisable et se déploie aussi bien dans la littérature que dans les arts visuels. Pour rejoindre Ithaque, Ulysse parcourt différents archipels pendant de longues années, Robinson Crusoé fonde un des mythes majeurs de l’explorateur et d’une certaine vision de l’ailleurs, Marivaux plante son décor en paysage insulaire pour une utopie sociale.
Entre tragédie et burlesque, documentaire et fiction, 20 artistes sont conviés pour ce voyage en pays îlien.
Nos îles est une vision subjective de l’insularité et ses métaphores variées ; les artistes eux-mêmes ne sont ici pas ou peu insulaires mais nous livrent leurs différentes visions du naufrage, de la robinsonnade, de l’exotisme, de l’enfermement et des utopies.
Visuel : Pauline Delwaulle, Haïkus cartographiques (extrait), 2019.
Courtesy de l’artiste © Pauline Delwaulle