De ses premières expériences de plongée sous-marine il y a quelques années, Sara Ferrer en a retiré un sentiment particulier, une prise de conscience physique, psychologique et écologique qui l’a amenée à développer tout son travail sur l’eau et les océans. Elle s’est éloignée d’une œuvre plus figurative qui avait marqué ses débuts. Formée à la fois en sculpture aux Beaux-Arts et au théâtre, elle garde de celui-ci une affection pour les objets qui peuvent résumer une situation.
En effet, bateau, boussole, bouée, hameçon, requin, sont tour à tour déclinés en installation, photographie, sculpture, peinture, pour représenter ses émotions et questionnements.
Ces objets deviennent les métaphores de la société, questionnent à la fois notre rapport à la mer et les maltraitances effectuées sur la nature, et par extension les comportements humains, nos angoisses et névroses. Where Am I ? est une série de boussoles aux couleurs primaires, Breathing Space est composé d’une chaise et d’un tuba suspendu, Losing Choices, d’une bouée et d’une corde… Où vais-je, qui suis-je, quels choix ?…
Sara Ferrer transpose la vulnérabilité de l’environnement et les difficultés à le protéger sur la nature humaine. L’homme est majoritairement constitué d’eau et s’inscrit dans cet univers menacé. En établissant un parallèle entre les deux mondes, l’artiste suggère une double protection nécessaire, l’humain et ce qui l’entoure.
Avec Fishing the Soul elle dénonce directement la pêche massive et ses excès. En détruisant la mer, l’homme détruit son âme. L’installation est composée d’un cadre de tissu dans lequel vient se ficher l’hameçon d’une canne à pêche qui a pour effet de tendre les fils. Sara Ferrer y ajoute aussi une critique sous-jacente du monde artistique avec la fameuse toile blanche qui laisse parfois perplexe les spectateurs.