En 2013, je pars explorer le Nord de l’Europe de Stockholm à Oslo vers la Norvège des fjords. J’en reviens alors marquée par un sentiment de démesure et de déstabilisation forts liés aux paysages que j’ai traversés. Je décide l’année suivante de traverser la Finlande jusqu’au terminus de la ligne de chemin de fer afin d’atteindre symboliquement le cercle polaire. J’envisage alors de rencontrer les Samis, premier peuple chaman de Sibérie, animés par une tout autre relation à la terre et au vivant que dans nos cultures occidentales.
Le film est donc l’histoire d’un voyage qui commence à bord d’un bateau, et qui est à la fois physique et symbolique. Il implique un retour à soi après avoir effectué un déplacement, une rencontre, un trajet d’un point à un autre. Il est d’ailleurs construit sous la forme d’une boucle temporelle et évoque dans sa structure même un retour à soi, un cycle, une réversibilité.
La présence du bateau est porteuse de sens tant il fait référence aux rêves et aux mythes au même titre que l’eau, élément du rêve par excellence : «C’est près de l’eau que j’ai le mieux compris que la rêverie est un univers en émanation, un souffle odorant qui sort des choses par l’intermédiaire d’un rêveur.» Gaston Bachelard, l’eau et les rêves, 1942.